L’invité.e du café #1 – Sylvie Sauvageon

Rencontre

31.10.2021 — 15h

Centre d’art de Lacoux

Sylvie Sauvageon nous fera le plaisir de sa présence au petit Café du Cacl. Ce sera également la dernière occasion de visiter les expositions Redevenir autochtones et les Contrebandiers.

Le dessin, dans sa définition la plus courante, sinon la plus admise, est une pratique de représentation qui use essentiellement de la ligne et parfois éventuellement de surfaces de valeurs permettant de matérialiser des reliefs ou des textures. Cette pratique graphique, la plus ancienne sans doute et la mieux partagée, recouvre cependant différentes formes. Dessiner peut être une façon de chercher une idée ou une structure, de figurer un objet ou un espace par un schéma, de reproduire avec plus ou moins de rigueur ou de réalisme la qualité d’une forme, d’une vue ou d’un support imprimé… Si Sylvie Sauvageon use de toutes les nuances propres à cette pratique, il semble que ce soit plus particulièrement à la question de la reproduction que s’attache son travail. Dessiner c’est le plus souvent pour elle « refaire » avec des crayons ce qu’elle voit, soit transposer plutôt que copier servilement un objet, un espace, ou une image. Autrement dit, le dessin n’est pas ici un moyen d’inventer des formes mais plutôt de les répertorier, redoublant par la ligne et la surface l’aspect perçu de la réalité qui l’environne, et plus précisément encore de la réalité qui la regarde, car les sujets auxquels s’attelle Sylvie Sauvageon sont choisis moins pour leur qualité d’objet que pour la relation particulière qu’elle entretient avec eux. « Tout mon travail est lié à mon rapport au monde (le temps et la taille principalement) », indique Sylvie Sauvageon avant d’ajouter « Pour pouvoir savoir et comprendre où se situent les autres j’ai besoin de m’approprier l’apparence des choses, les images (communes ou personnelles) et de les reproduire. […] Comme si le dessin devenait la preuve de l’existence. ». Dessiner n’est donc pas seulement saisir graphiquement mais c’est se saisir physiquement de ce catalogue intime qu’elle a choisi de compiler. Le dessin s’est donc imposé comme un outil de mise à distance de la réalité environnante. Dessiner c’est déplacer en somme, par les contours et les remplissages produits, la nature initiale du motif choisi, qu’il s’agisse d’une photographie, d’un imprimé graphique, ou d’une reproduction d’images. Le dessin unifie et fond ensemble l’hétérogénéité de ces sources, passant au filtre des surfaces coloriées ou gommées leurs différences.

Philippe AGOSTINI